Édition nº 230

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Des amis et des connaissances


Des amis et des connaissances

John et les visions de l’enfer

« Jésus a peut-être envoyé certains de ses apôtres en Enfer pour sauver des âmes », dit John. « Même au pire des tourments, tout n’est pas perdu. »

L’idée me surprend. Nous discutons dans l’un des rares bars de Los Angeles. John est pompier, et c’est son jour de repos.

« Pourquoi dis-tu cela ? je demande.

– Parce que j’ai connu le même tourment ici sur Terre. J’entre dans des édifices en flammes, je vois des personnes désespérées qui essaient de sortir, et j’ai très souvent risqué ma vie pour les sauver. Je ne suis qu’une particule dans cet univers immense, forcé d’agir en héros au milieu du feu et du désespoir.

« Si moi – qui ne suis rien – je peux agir ainsi, imagine ce que Jésus a dû faire ! Assurément, certains de ses apôtres sont infiltrés en Enfer, et ils sauvent des âmes ! »

 

Au monastère de Huelgas

La sœur Balbas Miguel, du monastère de Huelgas, dit :

« Saint Jean de la Croix nous enseigne que le silence a sa propre musique ; c’est le silence qui nous permet de voir nous et les choses qui nous entourent.

« J’aimerais ajouter ceci : il y a des mots qui ne peuvent être dits qu’en silence, aussi absurde que cela puisse paraître. Les grands génies, pour composer leurs symphonies, ont besoin de silence – et ils parviennent à le transformer en sons divins.

« Au monastère, nous pratiquons le soir ce que nous appelons le Grand Silence. À travers l’absence de conversation, nous parvenons à comprendre ce qui se trouve au-delà. »

 

Le langage des rêves

L’Australie est fondamentalement un vaste désert central, avec des villes sur la côte. Alors que l’homme blanc a rencontré des difficultés pour défricher l’intérieur du pays, les tribus primitives, les Aborigènes, ont toujours réussi à s’installer partout.

« Nous sommes un peuple qui croit aux rêves, raconte Sam Watson, un Aborigène. Les anciens de certaines tribus se réunissent tous les matins, et discutent entre eux de ce qu’ils ont rêvé la nuit précédente. Alors seulement, ils décident du meilleur chemin à parcourir ce jour-là.

« Nous ne restons jamais sans eau ou sans nourriture. Nous obtenons, grâce aux rêves de nos sorciers, les mêmes choses que l’homme blanc obtient avec ses satellites et ses appareils de mesure compliqués. »

 

L’arbre qui chante

Une lectrice de mes livres me rencontre dans une soirée d’autographes à Bilbao, au Pays basque.

« Vous parlez toujours de symboles, me dit-elle. Je veux vous montrer un symbole que vous n’avez jamais vu. »

Le lendemain, elle vient me chercher en voiture à l’hôtel.

« Je ne sais pas comment cela a commencé, dit-elle, mais la légende raconte qu’un vieil alchimiste juif affirma que les arbres chantaient. Le maire de la ville déclara que s’il ne parvenait pas à prouver ce qu’il affirmait, il le tuerait. Depuis lors, tous les ans, un arbre de Soria chante, pour sauver de nouveau symboliquement la vie de ceux qui pensent que tout est possible. »

Nous arrivons à Soria, et nous allons sur une place. Peu à peu, les gens arrivent. Et soudain, un orchestre de musiciens – au grand complet, avec tous les instruments – monte sur le grand orme bicentenaire qui se trouve au centre de la place. Chaque musicien occupe une branche.

Dirigé par une baguette invisible, l’arbre de Soria chante.

 
Édition 230
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